Ecologie

Succès des marches pour le climat en dépit des intimidations gouvernementales

Ecologie

par Sophie Chapelle

Malgré les pressions du gouvernement et de certaines préfectures pour faire annuler les marches pour le climat, plus de 130 000 personnes ont défilé le 8 décembre dans 135 villes en France. A Paris, la marche a rassemblé 25 000 manifestants dans une ambiance festive, à laquelle ont également participé des gilets jaunes. Pour Elodie Nace, porte-parole du mouvement Alternatiba, deux raisons les avaient motivés à maintenir l’événement malgré les pressions gouvernementales : « D’abord parce que la justice sociale et le climat sont intrinsèquement liés, et que nous devons trouver des solutions aux problèmes de fin du mois et de fin du monde. Ensuite parce que le risque d’inaction face au dérèglement climatique est bien plus grand que le risque de manifester », explique t-elle.

De nombreuses marches pour le climat ont convergé avec le mouvement des gilets jaunes sous des formes différentes. À Bayonne, Pau et La Rochelle, des Gilets jaunes se sont joints aux rassemblements. À Aix-en-Provence et Marseille, des « die-in » – forme de protestation dans laquelle les participants s’allongent sur le sol, simulant la mort – ont été organisés conjointement. « Nous nous félicitons de voir qu’il y ait autant de villes, de villages et de moments où les gilets jaunes, les gilets verts et les sans gilet se sont retrouvés, ensemble pour exprimer leur détermination contre un exécutif jusqu’ici incapable de répondre à la colère sociale et aux impératifs écologiques. La jonction observée aujourd’hui est un fait politique majeur et doit conduire Emmanuel Macron à changer de cap », souligne Aurélie Trouvé, porte-parole de l’association Attac.

21 heures de garde à vue pour avoir organisé une marche pour le climat

Ces marches ont toutefois été marquées par l’arrestation et la garde à vue de Florent Compain, président des Amis de la Terre France, et de Denys Crolotte, membre du Mouvement pour une alternative non-violente. Motif : avoir co-organisé la marche pour le climat à Nancy. Annoncée depuis plusieurs mois, l’organisation de cette marche avait fait l’objet d’un bras de fer avec la Préfecture de Meurthe-et-Moselle dans les derniers jours. Le 7 décembre, le Préfet publiait un arrêté interdisant la manifestation au prétexte qu’elle était susceptible de créer un trouble à l’ordre public car elle « soutient les taxes carbone que contestent les gilets jaunes ». La préfecture menaçait de poursuite judiciaire les organisateurs.

Ci-dessus, extrait de l’arrêté préfectoral d’interdiction de la marche pour le climat à Nancy. Cliquez sur l’image pour le lire en intégralité.

En réaction, 74 personnes se sont déclarées co-organisatrices. La marche a été maintenue et a rassemblé 1500 manifestants. Libérés au terme de 21 heures de garde à vue, Florent Compain et Denys Crolotte encourent une peine de 6 mois de prison et 7500 euros d’amende. Les Amis de la Terre et le Mouvement pour une alternative non-violente « dénoncent une dérive sécuritaire de l’État et la privation du droit constitutionnel à manifester, qui plus est de façon non-violente et pour une cause d’intérêt général : la lutte contre les changements climatiques ». Le prochain rendez-vous est fixé le 14 décembre à Paris « pour une action non-violente géante de nettoyage de Société Générale » (plus d’informations ici).

Photo de Une : Lyon, Marche pour le climat - 8 décembre / © Il est encore temps